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1963 à 1966 : la Beatlemania[modifier]

Please Please Me, le premier album des Beatles

Le 5 octobre 1962 sort Love Me Do qui n'atteint que le 17e rang au palmarès britannique. Ce n'est pas encore la « Beatlemania », mais il s'agit là d'une grande satisfaction pour le groupe, particulièrement au moment où le titre passe à la radio6. Mais leur deuxième 45 tours, Please Please Me, dont les paroles sont ambiguës pour l'époque (« You don't need me to show the way, girl », que l'on peut traduire par « tu n'as pas besoin que je te montre comment faire, fille ») est propulsé au premier rang. Les Beatles obtiennent ainsi l'occasion d'enregistrer un album complet, ce qu'ils feront en 585 minutes (9h45) le 11 février 196322. Intitulé Please Please Me et sorti le 22 mars 1963, cet album atteint également la tête du hit-parade où il se maintient durant sept mois.

Partie de Liverpool — où ils continuent jusqu'en août 1963 à enflammer le Cavern Club —, la popularité des Beatles se répand dans tout le Royaume-Uni qu'ils sillonnent inlassablement, y effectuant quatre tournées cette année-là23. Les succès se suivent  : From Me to You en avril, puisShe Loves You en août sont classés nº 1 au hit-parade. She Loves You et son fameux « Yeah Yeah Yeah! » rend les Beatles célèbres dans toute l'Europe. Leur passage, le 13 octobre 1963 dans le très populaire show télévisé londonien Sunday Night at the Palladium marque le début du phénomène que la presse britannique baptise la « beatlemania5 ». Disquaires pris d'assaut, ferveur généralisée, jeunes filles en transe… Le groupe va aligner douze n° 1 successifs dans les charts britanniques de 1963 à 196624, jusqu'à la publication en février 1967 du single « double face A »Strawberry Fields Forever/Penny Lane, seulement n° 2 (mais premier aux États-Unis).

Le 4 novembre 19635, les quatre musiciens de Liverpool se produisent devant la famille royale au Prince of Wales Theatre de Londres pour le Royal Command Performance, où un John Lennon, irrévérencieux, avant de se lancer dans l'interprétation de Twist and Shout dit au public  : « On the next number, would those in the cheaper seats clap your hands? All the rest of you, if you'll just rattle your jewelry! / Pour notre prochain titre, est-ce que les gens installés dans les places les moins chères peuvent frapper dans leurs mains ? Et tous les autres, agitez vos bijoux13 ! »

Les Beatles avec la vedette suédoiseLill Babs en novembre 1963

En 1963, John Lennon et Paul McCartney écrivent partout, à n'importe quel moment, dans le bus qui les amène d'un lieu de concert à l'autre, dans leurs chambres d'hôtel, dans un coin des coulisses avant de monter sur scène, dans l'urgence avant d'enregistrer, quelquefois en une seule prise, autant de titres qui vont marquer leur histoire et celle de la musique rock21.

En tête des hit-parades, Please Please Me n'est remplacé à la première place que par le deuxième album du groupe, With the Beatles, publié le 22 novembre 1963. Ces deux disques sont exportés auxÉtats-Unis respectivement sous les noms de Meet the Beatles et The Beatles' Second Album, en ayant préalablement subi divers traitements tels que le raccourcissement de la liste des chansons, la modification de l'ordre des pistes, ou bien celle du son (écho, stéréo, etc.).

Dans un premier temps, les maisons de disques américaines affichent leur mépris pour ce qu'elles pensent être un phénomène passager. Leur cinquième 45 tours, I Want to Hold Your Hand, est leur premier nº 1 sur le marché américain et y reste du 1er février au 14 mars 1964. Il sera détrôné par She Loves You du 21 au 28 mars, suivi deCan't Buy Me Love du 4 avril au 2 mai. Le classement du Billboard Hot 100 du 31 mars 1964 aux États-Unis fait apparaître cinq titres des Beatles aux cinq premières places  : la « beatlemania » qui avait débuté au Royaume-Uni se propage de l'autre côté de l'Atlantique, et dans le monde entier.

Analyse du phénomène[modifier]

La « Beatlemania » fut un phénomène d'ampleur et à plusieurs facettes. La jeunesse prend goût à se coiffer et s'habiller « à la Beatles », comme en témoignent les photos de l'époque prises dans les rues. Ils deviennent des trend-setters, expression anglophone que l'on peut traduire en français par faiseurs de mode ou leaders de tendances.

Les disquaires se spécialisent sur la discographie des Beatles, et pour mieux gérer ses stocks, la société EMI/Parlophone propose la présouscription des albums et des singles à suivre, même s'ils sont encore à l'état de projet. Les pré-commandes atteignent dès lors des sommets astronomiques  : par exemple, 2,1 millions pour Can't Buy Me Love en 196425.
Des magazines spécialisés fleurissent, comme le célèbre Beatles Monthly, (aussi connu sous le nom de Beatles Book, 77 éditions de 1963 à 1969, intégralement republiées de 1977 à 1982) et se vendent comme des petits pains.

Le palais de Buckingham où les Beatles sont décorés en juin 1965.

L'atmosphère hystérique des concerts rend parfois ceux-ci presque inaudibles26. Le premier ministre britannique, Harold Wilson, remarque néanmoins que ces artistes constituent pour le pays une excellente exportation, notamment en termes d'image  : celle de jeunes gens souriants, polis, bien habillés, et pleins d'un humour très britannique lors des interviews. Ils sont décorés par la reine du Royaume-Uni, le12 juin 1965, de la médaille de membre de l'Empire britannique (Member of the British Empire, ou MBE). C'est en fait la plus basse des décorations. Certains MBE — dont plusieurs sont des vétérans et des chefs militaires —, froissés, renvoient par dépit leur propre croix à la Reine. John Lennon répliqua qu'il aimait mieux recevoir cette distinction en divertissant13. Les vrais honneurs arrivent beaucoup plus tard, quand James Paul McCartney est anobli en 1997.

Extrêmement liés, par le simple fait qu'ils sont les seuls à « vivre la beatlemania de l'intérieur », considérant se trouver dans l'œil du cyclone, voyant tout le monde s'agiter frénétiquement autour d'eux, se soudant autant que possible, très amis, les Beatles se voient affublés du surnom de « monstre à quatre têtes » au plus fort du phénomène6.

Dans les années 1960, l'industrie musicale est en pleine expansion. Désormais, il est possible de donner des concerts dans des salles de plus en plus grandes. À la télévision, les émissions sont de plus en plus regardées par un public familial. Les Beatles participent dès 1963 à de nombreux shows avec les animateurs les plus populaires de la télévision britannique et bientôt américaine, et sont les premiers à passer dans une émission diffusée en « Mondovision », dans le monde entier, le 25 juin 1967, avec la chanson All You Need Is Love.

Depuis 1965, les Beatles ne chantaient pratiquement plus qu'en playback à la télévision et Paul s'en expliquait  : « Nous faisons un très important travail de studio, corrigeant inlassablement la moindre imperfection avec une précision maniaque. Pas question d'offrir aux téléspectateurs, alors que ce son existe, un autre son déformé par les mauvais studios des plateaux de TV ». Toujours en 1965, les Beatles prennent la résolution de ne plus donner d'autographes  : « Nous n'avons tout simplement pas assez de bras, et nous devons tout de même pouvoir utiliser nos guitares de temps en temps ! »

Les Beatles ont l'intelligence de mêler à des standards du rock comme Kansas City des chansons susceptibles de plaire à la génération précédente (Till There Was YouYou Really Got a Hold on Me ; Besame Mucho reste dans les cartons). À noter que ces chansons, y compris Besame Mucho, font partie du répertoire des Beatles depuis Hambourg27.

Pour ne pas se faire cataloguer comme « mods » et perdre le public des « rockers », Brian Epstein a eu une idée  : les Beatles, retrouvant un moment le cuir de leurs débuts, vont sortir un EP (extended play) de quatre titres de rock pur et dur (MatchboxI Call Your NameLong Tall Sally et Slow Down) qui est le « disque des initiés » et montre « ce que les Beatles savent vraiment faire quand ils le veulent ». Satisfaits par cet « os à ronger », les rockers ne dénigrent plus les Beatles eux-mêmes, mais les fans qui achètent leurs autres disques en ne sachant pas ce qu'est la vraie musique des Beatles, qui ont montré qu'ils savaient faire bien mieux que de la pop. Pour se concilier ce public — mais aussi pour se faire plaisir — la présence d'un « standard de rock » devient un « incontournable » des albums28.

Dans le film A Hard Day's Night, tourné en noir et blanc pour ne pas coûter trop cher — mais aussi pour masquer le fait qu'ils n'ont pas la même couleur de cheveux — et réalisé par Richard Lester, les Beatles orchestrent habilement leur propre légende, avec un humour très britannique. Cet humour devient délirant avec le film suivant, Help!, sorti à l'été 1965, en couleurs, où les Beatles se moquent d'eux-mêmes. On va jusqu'à les comparer aux Marx Brothers, ce que John estime excessif. George Harrison, lui, noue une solide amitié avec Eric Idle et le groupe des Monty Python.

L'humour britannique reste une composante incontournable des Beatles. Quelques exemples tirés d'interviews  :

« Que craignez-vous le plus ? La bombe atomique ou les pellicules ? (ricanements)
- La bombe atomique, puisque nous avons déjà des pellicules (hurlement de rire de l'auditoire) »

« Pouvez-vous nous chanter quelque chose ?
- L'argent d'abord ! »

« Répétez-vous beaucoup ?
- Pour quoi faire ? Nous jouons déjà en concert tous les soirs, vous savez. »

« Vous jouiez autrefois des standards. Pourquoi ne le faites-vous plus ?
- Parce que maintenant, nous en créons. »

« Ringo, êtes-vous des mods ou des rockers ?
- Personnellement, je suis un moqueur » (cette réplique sera reprise dans le film A Hard Day's Night)

« Comment avez-vous trouvé l'Amérique ?
- Tournez à gauche au Groenland ! » (cette réplique sera aussi reprise dans le film A Hard Day's Night)

L'album Rubber Soul sera plus tard ainsi nommé pour pasticher l'expression « plastic soul » (qui se traduit par « âme influençable »). Rubber Sole, qui se prononce presque à l'identique, signifie « semelle de caoutchouc » !

John Lennon avait soigné son personnage avant-gardiste en écrivant en 1964 et 1965 deux livres de courtes nouvelles dans un style imagé et surréaliste, In His Own Write, puis A Spaniard in the Works. La critique de l'époque ne leur fait pas bon accueil, mais Christiane Rocheforttraduit en français le premier sous le titre « En flagrant délire ».

Entre-temps, le fan club des Beatles travaille à chouchouter un réseau de fans à qui on concède des bonus comme des photos inédites et des disques hors commerce offerts à Noël  : un Christmas Record sortira ainsi chaque année durant les fêtes, jusqu'en 1968. Brian Epsteinintervient pour la partie organisation et George Martin pour la partie musicale. Dès le début des années 1960, George Martin fait à tout hasard enregistrer un album de musique symphonique inspirée des Beatles. Un autre, plus élaboré, suit bien plus tard pour le remplacer. Vers l'an 2000, un disque nommé Beatles Go Baroque et issu des pays de l'Est fait de même.

Passage à l'Olympia de Paris[modifier]

À l'avènement de leur gloire internationale, et donc en laissant de côté leurs prestations au Star Club d'Hambourg et au Cavern Club deLiverpool, c'est à l'Olympia de Paris et durant trois semaines (du 15 janvier au 4 février 1964), à raison d'un, deux ou trois shows quotidiens, soit 41 apparitions en tout29, que les Beatles ont joué le plus longtemps au même endroit.

Le programme des shows de l'Olympia en janvier et février 1964.

Après un « tour de chauffe » au cinéma Cyrano à Versailles, ils donnent leur premier spectacle à l'Olympia le 15 janvier. L'affiche est imposante et donne tout son sens au mot « Music-hall ». Daniel Janin et son orchestre, les Hoganas, Pierre Vassiliu, Larry Griswold, Roger Comte, Gilles Miller et Arnold Archer, acrobates, jongleurs, humoristes, chanteurs se succèdent sur la scène avant la deuxième partie du spectacle avec les trois têtes d'affiche au fronton du Boulevard des Capucines  : Trini LopezSylvie Vartan et les Beatles, passant à chaque fois en dernier.

Les passages des Beatles sont assez courts puisqu'ils ne jouent à chaque fois que huit titres  : From Me to YouRoll Over BeethovenShe Loves YouThis BoyBoysI Want to Hold Your HandTwist and ShoutLong Tall Sally29.

La surprise pour eux, c'est que la salle est composée en majorité de garçons, et qu'ils n'entendent pas, pour une fois, les cris féminins stridents qui les accompagnent d'habitude6. Au fur et à mesure, et malgré quelques incidents techniques au début, les Beatles conquièrent leur public.

Durant leur séjour à Paris, les jours de relâche leur permettent d'aller faire un tour aux studios Pathé-Marconi de Boulogne-Billancourt. Le 29 janvier, ils y enregistrent leurs deux titres en langue allemande  :Komm, gib mir deine Hand/Sie liebt dich (I Want to Hold Your Hand et She Loves You). Le premier est entièrement enregistré, voix et instruments (en 14 prises), le second n'est qu'un ajout vocal sur leurs propres pistes instrumentales. Le même jour, ils mettent également en boîte un nouveau tube composé par Paul  : Can't Buy Me Love30.

C'est aussi à Paris que les Beatles apprennent qu'ils viennent de décrocher leur premier N°1 aux États-Unis  : I Want To Hold Your Hand. Cette nouvelle provoque une grande scène de joie collective dans leur chambre du George-V ; Mal Evans raconte  :

« Quand je suis rentré dans la pièce je suis resté stupéfait. Debout sur un fauteuil, John prononçait une sorte de discours dont je n'arrivais pas à saisir un mot. George donnait des bourrades à Ringo et je me demandais encore ce qui se passait quand Paul me sauta sur le dos ! Ils étaient heureux comme des collégiens en vacances et, à la réflexion, je reconnais qu'il y avait de quoi6. »




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